15 janvier 2013

Les pédi-poissons dans l'eau

C'est décidé, je ne promets plus rien, plus de reprise annoncée, plus de posts geekesques garantis, plus de mise à jour régulière vantée... J'écris comme je veux, ce que je veux, et tant pis si le QI moyen d'Internet ne s'en trouve pas grandi.

Je narrerai ma vie quotidienne si j'en ai envie, parce que cela me fait plaisir, parce que je désire afficher au monde mes aventures quotidiennes et les endroits que je fréquente. Je veux rendre verts de jalousie ceux qui ont une vie de merde et qui envieront de toute leur rage le merveilleux idylle que je vis chaque minute.

Bref, à ceux qui auraient quelque chose à redire, je leur dis merde.

Ceci étant dit...

Mon premier passage en tant que client dans une entreprise de relaxation / modelages. Grâce à certaines offres en ligne, quelques plaisirs qui seraient en temps normal trop onéreux pour mes bourses sont désormais raisonnablement abordables. Il y eut déjà le simulateur de chute libre, il y a eu ce samedi la fish-pédicure.

Nous arrivons dans la boutique au sein de laquelle une musique New Age fait rage. Il y fait bon, calme, cozy. L'hôtesse se charge de déposer nos manteaux dans un placard et nous guide vers un petit vestiaire où nous nous déchaussons. Ensuite de quoi, elle entreprend de nous laver les pieds dans une cabine de douche dont le seul signe d'utilisation pédestre est la présence d'un mini-tabouret sur lequel elle pose son séant pour œuvrer. C'est un brin gênant de se faire laver les pieds par quelqu'un, j'ai l'agréable sensation d'être un pacha (mais l'impression ne dure pas longtemps, ce n'est qu'un lavage de pieds dans un institut après tout). En fait, non seulement elle nous les nettoie, mais elle les désinfecte avec un gel antibactérien parce que les petites bêtes qui vont nous picorer la plante et les orteils sont tout de même relativement fragiles. Cela fait, j'enfile tant bien que mal les chaussons blancs taille universelle qu'elle nous donne et nous amène aux piranhas.

Le principe est simple : la chasse aux peaux mortes et autres déchets de la peau se fait grâce à une petite armée de poissons, de la taille d'un petit anchois. Nous mettons les pieds dans l'eau, et illico, des dizaines de bouches viennent nous picorer les talons, les orteils, les chevilles. La sensation est amusante : pas chatouillante, plutôt un léger engourdissement comme lorsqu'on se lève après avoir lu une bande-dessinée entière assis aux WC, mais sans le côté douloureux de l'afflux de sang qui revient. Chacun s'est déjà amusé à laisser tremper un doigt dans l'eau d'un aquarium et se le faire grignoter par un poisson rouge. Et bien la sensation est équivalente, mais partout sur les pieds, et beaucoup plus longtemps.

La séance dure une demie-heure, et la lassitude n'a pas commencé à atteindre les petites bestioles. Nous discutons avec Lucile, surtout sur le côté ludique de l'expérience, nous prenons des paris sur les poissons qui se battent pour quelque morceau de peau morte de nos petons (c'est qu'ils sont agressifs entre eux les bougres !), nous taillons un peu le bout de gras avec une autre hôtesse sur l'entretien des aquariums (aquarii ?). Celle-ci finit par nous indiquer que la séance est terminée en prenant une serviette et en nous demandant nos pieds afin de les sécher. Nous sommes tous deux prudents en les sortant de l'eau, par crainte d'avoir une grappe de poissons agrippée à nous, mais non, ceux-ci ne sont pas si voraces que ça.

La suite : un modelage des pieds. Lucile m'a précisé que le terme "massage" est réservé pour les kinésithérapeutes, et que donc les instituts de relaxation doivent utiliser le terme "modelage", mais au final, cela revient au même. Les deux hôtesses nous conduisent dans l'arrière boutique, toujours décorée façon "zen", dans deux pièces aux lumières tamisées, avec quelques bougies, qui communiquent entre elles via une grande porte coulissante, ouverte pour nous. Nous nous allongeons sur une table de massage, les pantalons relevés jusqu'aux genoux, et les hôtesses nous oignent d'abord le pied droit et entreprennent leur "modelage".

Je ne sais si c'est le fait d'être dans un institut, d'avoir à faire à une personne inconnue, le baume de massage ou la séance avec les petits poissons, mais moi qui suis normalement assez chatouilleux, je me laisse tripoter la plante des pieds avec docilité et calme. C'est d'ailleurs très étrange de se faire masser par une inconnue. J'ai l'impression d'autoriser une fille lambda à accomplir un acte intime envers moi. Ce n'est qu'un massage de pieds pourtant ("foot massage", comme dirait Vincent Vega), mais c'est doux, calme et sensuel. D'autant que les yeux fermés, j'ai l'imagination qui sublime un peu le tout, et étant là pour ça, je concentre mon attention sur mon toucher plutôt que le reste. Peut-être un peu trop, car je qualifie quasiment d'érotique le moment où elle me masse les chevilles en partant du cou de pied, en de lents et longs aller-retours légèrement appuyés, l'onguent faisant coulisser ses mains avec aise et douceur.

La fin du modelage, puisqu'il faut bien l'appeler comme ça, se fait en léger comme une bulle de savon. On nous laisse le temps d'émerger de notre cocon de tranquillité en douceur, puis on nous amène dans une petite pièce pour la "cérémonie du thé", qui est une façon marketing de désigner le moment tampon entre l'univers zen et la vraie vie durant lequel on nous console avec un plateau de thé au gingembre, avec quelques amandes et abricots séchés, dans de confortables oeufs-chaises-balancelles. Nous échangeons nos impressions à voix basses pour ne pas perturber l'harmonie du lieu (bien que nous soyons les seuls clients à cette heure), nous finissons la théière en fonte et repartons bien contents de cette petite expérience.

Les douze coups de midi devant bien sonner quelque part sur ce fuseau horaire, nous avons un petit creux. Nous avons réservé une table dans un restaurant de spécialités sénégalaises. Le lieu ne paye pas de mine, mais la nourriture est très bonne. Des beignets de viande hachée marinée (marinée dans quoi, nous ne saurons le dire, mais c'est délicieux), un Yassa de poisson avec son confit d'oignon pour moi, un Mafé de rôti de bœuf sauce arachide pour Lucile, les deux accompagnés d'un bon pavé de riz, avec pour conclure une bouillie de céréales et de yaourt épicée pour moi, glaces noix de coco - mangue pour Lucile, tout ce repas sur une bouteille d'excellent Tarani (vraiment très bon le Tarani, fruité et frais, c'est exquis).

Le reste de la journée est moins trépidante, mais avec la météo bretonne que nous avons, nous ne pouvons faire guère plus.

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