Une semaine vraiment fantastique que celle que j'ai passée en Sainte Mère Russie.
Décollage jeudi 4 septembre le matin pour arriver le soir vers 18h (heure locale) après une escale à Francfort. Premières péripéties administratives : avant d'arriver en Russie on nous file dans l'avion un petit formulaire à remplir afin de s'enregistrer auprès des autorités locales. Le blabla habituel : nom, prénom, numéro de passeport et, pour les visas touristiques tels que le mien, l'hôtel où je réside. Oui, alors étant donné que les papiers à obtenir pour se faire héberger chez l'habitant sont chiement longs à avoir, Anna m'a combiné, à l'aide d'une amie à elle travaillant dans une agence de tourisme, un certificat plus ou moins bidon, comme quoi j'allai être logé par cette agence dans un hôtel. Seulement voilà, ce n'est pas le cas, et sur ce foutu formulaire d'immigration, j'ai mis le nom de famille de ma chérie, faute de mieux.
Dans la file d'attente pour se faire tamponner passeport et dit formulaire, un type me raconte comme quoi il ne faut pas oublier de s'enregistrer au commissariat car faute de quoi, les flics te foutent une amende et peuvent te retenir, le temps que tu loupes ton avion. La merde quoi ! Bref, parmi toutes les jolies nanas qui martyrisaient les fafs, je tombe sur la rombière pas aimable qui discute avec sa collègue. Elle fout un coup de tampon orange sur mon passeport et me fait signe de passer... Bon, c'est certainement plus tard pour le formulaire...
En entrant dans le hall d'arrivée à l'aéroport, je tombe sur un grand groupe d'asiatiques qui cache mon phare d'Alexandrie moscovite, que j'embrasse dans mes bras et serre à pleine bouche. Anna me présente alors son père et son "petit" frère. Le premier est un bonhomme avec une moustache aussi grise que ses cheveux, fin et pas forcément méchant. Le deuxième est grand, assez balèze (mais le balèze gras plutôt que le balèze musclé), avec de grands yeux globuleux et de cheveux bruns. Je leur sors un "Nice to meet you" dans l'espoir d'établir un contact fertile en langue shakespearienne, mais que nenni ! Russian only ! Ca va être agréable les repas tiens !
Bref, le frère, Alexei, propose gentiment de me porter mon sac et, avec son père, nous laisse partir devant Anna et moi. Nous sortons de l'aéroport et... il fait chaud ! 27 degrés pour être précis ! Tu parles d'une météo russe ! Nous prenons place dans la voiture familiale, une vieille auto noire qui tient malgré tout la route, et en avant ! Oui, parce qu'Anna habite en banlieue moscovite, à 85km de l'aéroport.
Le trajet est intéressant au niveau du paysage. Bon, autour de l'aéroport, c'est encore la ville. Les routes sont larges, les publicités et panneaux routiers écrits en alphabet cyrillique que je m'amuse à déchiffrer (Anna m'a appris la prononciation des lettres, mais c'est quand même pas évident, surtout quand nos lettres à nous sont prononcées différemment. Chez eux, un 'P' se prononce 'r', le 'B' comme 'v', le 'H' comme 'n'). Le soleil du soir ajoute une note un peu triste et désolée sur les parkings et magasins. Il faut dire aussi que c'est d'origine assez désolé. Décor de pauvre, mais pas malsain, pas sale. Mais les immeubles font assez pouilleux, les arrêts de bus bancals, et peut-être aussi le préjugé que je me fais du lieu malgré tout doit y être pour quelque chose dans mon impression d'abandon.
Une fois entré en territoire rural, là aussi je retrouve des éléments en faveur de la pauvreté et de la désolation. La route, après avoir passé quelques champs, devient monotone et traverse une grande forêt. Pas aussi touffue que celle de Fontainebleau, mais les arbres font la majorité sur le bord de la route. Dans le rôle des minorités visibles, quelques entrepôts de métallurgie ou de béton, des grappes d'habitations par-ci par-là, des arrêts de bus au milieu de nulle part. Encore une fois, ce n'est pas Beyrouth, mais il y a quelque chose de misérable dans l'air.
Anna est dans toutes les conversations durant le trajet. Forcément, puisque je ne peux communiquer avec les autres membres de la famille. Elle nous sert d'interprète quand son père me pose des questions ou quand je lui en pose, mais on est loin des conversations à bâtons rompus.
Enfin toujours est-il que nous quittons la nationale pour entrer dans un village, puis sur une route champêtre aussi trouée qu'un gruyère (quelle comparaison hardie !). Une petite pause devant une maison le temps de récupérer deux bocaux de lait de chèvre fraîchement trait, quelques mètres encore à faire souffrir les suspensions et nous voilà arrivés devant une charmante maison, très rustique, mais agréable.
L'habitation est vieille, cela se voit, mais l'intérieur est bien aménagé malgré les rafistolages que l'on peut apercevoir un peu partout. Tout en bois, des portes et des lustres bas, des bibliothèques garnies, un petit home cinéma dans le salon, de vieilles photos extrêmement russes, une cuisine simple mais efficace. Le jardin est immensément grand. Juste derrière la maison, des parterres de fleurs de toutes les couleurs, un petit coin aménagé pour accueillir un feu de camp, deux balancelles placées autour d'un petit bassin qui gazouille d'eau; un peu plus loin sous un toit de tôle, le bordel habituel des outils de jardin, une grande cabane en bois dont j'apprendrai l'utilité plus tard. Encore plus loin le potager, puis le reste du jardin qui est en friche car vue la superficie du terrain, ce n'est pas possible pour un seul homme de tout entretenir.
Je rencontre alors la mère, une bonne femme avec un look rappelant un peu les années 80 qui, bien que fort hospitalière, ne s'est pas montrée aussi chaleureuse que le reste de la famille. Nous passons alors à table.
En Russie, la bouffe, c'est le matin si t'as le temps, niet le midi parce que tu bosses et surtout le soir. Globalement, il y a de temps en temps un plat principal avec de la viande et le reste, c'est des petits plats préparés que tu picores si tu en as envie. Pour mon premier repas en terre russe, j'ai eu le droit à une salade de chou rouge avec maïs, petits pois et oignons, deux bons morceaux de volaille avec de la purée de pommes de terre si épaisse qu'on aurait pu bâtir une maison avec, et des blinis avec confiture ou une espèce de fromage blanc crémeux. C'était fort bon. Et comme boisson, du thé, toujours du thé, encore du thé, avec un nuage de lait. Parfois du lait seul, mais je n'ai pas vu de pichet d'eau à table. Ils ont une fontaine à eau comme dans les entreprises car l'eau du robinet n'est pas bonne (ce que j'apprendrai à mes dépends plus tard).
Durant la mastication, je discutaille plus ou moins avec le père qui énumère les acteurs et chanteurs français qu'il connaît (la culture française est très présente en Russie, notamment parce que nos pays ont partagé un morceau d'Histoire). Anna nous aide pour les idées trop complexes à formuler en signes ou petit nègre anglais. Après ce plantureux repas bien accueilli (les plateaux repas de Lufthansa, c'est fonctionnel, mais pas plus), les hommes me convient au salon où l'on cause de musique. Joie, la famille aime le bon vieux rock 'n roll ! Grâce au frère qui baragouine quelques mots d'anglais malgré tout, on arrive à discuter de musique quelques temps. Après cela, douche et dodo car la journée, bien qu'inactive, à été longue.
Le lendemain, nous nous levons aux aurores, vers midi, pour prendre un grand petit déjeuner (un peu à l'anglaise avec des saucisses, des blinis, encore de la salade de chou et du thé) et partons vers la gare pour nous rendre à Moscou. Le chemin vers celui de fer est champêtre, parmi les poules, les coqs et les chiens. Il fait beau et chaud, l'air sent bon la campagne. À la gare, Anna tente d'acheter deux tickets avec un gros billet, mais la guichetière le boude parce que pas de monnaie. Bon, pas contrariante, ma chérie nous fait passer par un défaut dans la barrière qui nous sépare des quais. Il faut préciser que nous ne sommes pas les seuls à emprunter ce raccourci, ce qui me rassure un peu. Nous descendons sur le quai en direction de Moscou quand tout à coup, des contrôleurs font leur apparition ! Diantre ! Nous montons donc en queue de train avec l'espoir de leur échapper.
Le train dans lequel je monte est très... comment dire... brut de fonderie si je puis me permettre l'expression. Ce que j'appellerais l'entrée du wagon (un peu comme dans les TGV quand on franchit la porte) est gris, froid et pue la clope. Deux portes coulissantes, qui coulissent au gré des virages d'ailleurs, nous permettent d'accéder aux places assises. Dire que certains se plaignent des "p'tits gris", ces trains de banlieue qui joignent Paris à Melun (entre autre) ! Les banquettes sont en bois, du bon bois bien dur, bien tape-cul. C'est principalement gris à l'intérieur, métallique, comme si on se trouvait à l'intérieur d'un container. Le train part sans qu'aucune sonnerie ne se fasse entendre, et c'est parti pour une heure de siège en bois vers Moscou.
Le paysage qui défile est similaire à celui de la voiture, mais avec encore plus cette sensation de paumé, d'isolé, d'abandonné, mais avec malgré tout beaucoup de gens qui marchent le long des voies, sur des chemins plus ou moins tracés, voire qui enjambent les rails pour accéder aux quais de leur gare, laquelle consiste souvent en deux simples plates-formes de parpaings peintes et goudronnées, avec une espèce de bâtiment histoire de se protéger en cas de mauvais temps.
J'alterne entre regarder le paysage et me reposer les yeux de ma courte nuit quand soudain, semblant crever le ciel et venant de nulle part surgit un contrôleur (non, pas noir). Angoisse et crainte ! Certainement une grosse amende et comme je ne me suis pas encore fait régulariser auprès du commissariat, il suffit que je tombe sur un enculeur de mouches pour que la situation deviennent franchement désagréable. Anna garde son calme et me fait juste signe de ne rien dire. Qu'aurais-je dit de toutes façons ? "Bistro" ? Le type arrive, Anna lui tend un billet, il arrache une feuille de papier rouge de son calepin, rend la monnaie et continue son service. Pas un mot n'a été échangé. 108 roubles d'amende, ce qui nous fait à peu de choses près 3 euros... Pour tous les deux... J'ai passé les dix minutes suivantes à demander à Anna une explication rationnelle, mais non : cela coûte moins cher de se prendre un amende que de payer son billet ! Cool !
Arrivée à Moscou. Après avoir franchi les tourniquets pour sortir de la gare comme de vulgaires pauvres de banlieue, nous faisons quelques pas dehors pour nous engager dans une bouche de métro. Pas mal de vendeurs ambulants dehors, rien en bien intéressant. 20 roubles pour une carte permettant quatre trajets en métro. On est loin des 1,50EUR pour UN pauvre ticket violet hein ?
Les stations de métro de Moscou sont... belles. Magnifiques, ouvragées, neuves, propres, artistiques. Flemme de décrire, les photos sont sur mon site. L'ambiance par contre est très rapide, stressée. Il y a beaucoup de monde dans les stations, et du coup, on se pousse, on se serre, mais sans forcément être désagréable ou mécontent. J'ai l'impression que tout le monde s'est mis d'accord sur le fait que tout le monde est pressé d'arriver à destination, alors on accepte la règle du jeu de la bousculade.
Destination d'origine : la place Rouge. En sortant du métro, on tombe sur une belle petite église orthodoxe (forcément !) bien rouge, bien dorée sur les toits, bien flambante neuve. Ce n'est qu'une église anonyme parmi d'autres, mais comparée aux églises anonymes de Dublin (je prends Dublin parce que les Irlandais sont quand même un poil plus portés sur la religion que nous), ca en jette ! Direction place Rouge donc, mais finalement non... Des barrières barrent le chemin et un policier nous informe que la place est fermée en vue de préparer un match de boxe ce week-end. Peste ! Bon, finalement nous nous baladons près du Kremlin, visitons une église et un centre commercial, nous promenons sur une grande place et dans un jardin à côté d'icelle. Anna voulait m'amener au Conservatoire de Moscou pour y écouter un récital de piano joué par une nana et un type (successivement).
Rien de bien passionnant à raconter ici. La salle dans laquelle nous sommes est riche et jolie, et nous succombons à la tentation de rentrer à la maison car nous avons l'estomac dans les talons. Nous attendons la fin de la première partie et assistons à un début de rixe entre un bonhomme un peu fou devant nous qui s'excitait sur la chaise du type devant lui lors d'une apothéose musicale jouée au piano. Rien de méchant, mais c'était cocasse un embryon de pugilat dans un lieu si prestigieux. Bref, train pour le retour et... Баня (prononcer "bane-ya").
La Баня, c'est une façon traditionnelle russe de faire sa toilette. Anna m'a signalé que cela se passait dans la grande cabane en bois au fond du jardin, mais ne m'en a pas dit davantage pour me laisser la surprise. Bon, dans un lieu clos, il ne pouvait s'agit que d'un truc de vapeur (j'ai écarté l'hypothèse du trou dans le sol). J'y suis allé avec le frère, le père ayant déjà été servi et les femmes y allant ensembles. On s'y rend donc en sous-vêtements histoire de ne pas s'encombrer. On entre dans la cabane et, dans une première petite pièce toute en largeur et en bois, la température doit avoisiner les trente degrés. On se fout à poil et on entre dans une deuxième pièce, carrée avec deux robinets dans un coin et des bassines en métal sur une table, toujours en bois. Le thermomètre indique 50 degrés. Le temps de prendre un drap qui pendait sur un clou, on entre dans la troisième et dernière pièce, où se trouve le four. On pose le drap sur un haut banc en bois, histoire de ne pas se brûler le cul, et on sue jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus. La chaleur est étouffante. Faut dire qu'à près de 100 degrés, j'ai quand même une bonne excuse. Pas de vapeur, mais tout connement un four sous des pierres de lave dans lequel on fait brûler du bois. Je suis en nage au bout de trente secondes et je fais l'effort de rester peut-être cinq minutes. Je prends une petite bouffée d'air "frais" dans la pièce d'à côté avant de m'en refoutre un coup histoire de faire mon fier.
Ensuite, on se lave (enfin chacun se lave hein, faut pas croire des trucs non plus !) et on se frotte la peau avec un gant de crin histoire de bien faire partir le sale des pores de la peau qui doivent être aussi dilatés que... j'aurais bien une comparaison, mais c'est sensé être un blog tout public, alors on passera. Une fois rincés, nous sortons. Les vingt degrés du soir me sont une bénédiction après cet avant-goût de l'enfer. Anna est là pour voir ma réaction à cette coutume russe. Ma foi je me sens bien, mais malgré m'être essuyé et la relative fraîcheur du soir, je sue toujours à grosses gouttes. Je rentre dans la maison, encore essoufflé, me sèche tant bien que mal et me repose afin de reprendre une température normale. J'ai tout de même un peu la tête qui tourne à cause du manque d'oxygène...
C'est assez plaisant même si c'est très éprouvant pour le corps. On est crevé après et Anna m'a confié qu'elle allait à la Баня le soir avant de se coucher. Mais pour le coup, c'est clair qu'on se sent propre et dispos comme après la douche qui suit un grand effort physique.
Manger et dodo.
Le week-end est là et nous ne faisons rien. Enfin JE ne fous rien car Anna doit écrire un rapport sur un stage qu'elle n'a pas effectué. Grasse mat', larvage, matage de DVD avec le frangin, mangeage. Nous avons le droit à la visite de la grand-mère paternelle, à qui je plais bien (j'ai un certain charme auquel les vieilles dames résistent peu), ainsi qu'un feu d'artifice tiré de Moscou, ce qui est assez hallucinant quand on pense que la capitale est à 50km de là où nous sommes, et les feux sont très très visibles. J'aurais bien aimé être dans la ville à ce moment-là, les fusées devaient être impressionnantes.
Lundi. Pour mes jours qui restent, après en avoir passé deux à ne rien faire, j'ai quand même envie de visiter ! Direction Moscou donc. D'abord, et avant d'aller au commissariat m'enregistrer en tant que touriste, petit détour par l'endroit où travaille l'amie d'Anna, Katia, qui m'a obtenu mon certificat plus ou moins bidon. En lui présentant mon passeport et ma fiche d'immigration, elle soulève un souci et un sourcil : la bougresse de l'aéroport aurait du me tamponner ce formulaire en plus de mon visa. C'est pas bien grave, mais du coup, inutile d'aller au commissariat, ils ne peuvent pas faire quoi que ce soit avec un formulaire d'immigration vide. Soit. J'ai juste à éviter les contrôles d'identité durant le reste de mon séjour et tout devrait bien aller.
Nous nous rendons alors sur une immense esplanade dédiée à la Seconde Guerre Mondiale, Poklonnaya Gora (Покло́нная гора en Russe), avec des fontaines, chacune symbolisant un mois passé en guerre et des colonnes en l'honneur de différents corps militaires russes. Au fond, un grand bâtiment en arc de cercle au centre duquel se dresse un grand obélisque. Là encore, voir photos pour plus de détails. Il fait tellement chaud que nous nous aspergeons avec l'eau des fontaines. On traîne pas mal car c'est très agréable comme endroit, surtout avec l'eau à portée de main. Ensuite direction Conservatoire de nouveau car un concert de classique y est donné pour gratuit dans la Grande Salle toute jolie et tout.
Seulement voilà, je me traîne un mal de bide pas possible. Après réflexion, c'est un truc que j'ai bouffé le matin qui serait mal passé. Anna a voulu me faire goûter des espèces de fromages blancs à la crème. Ce que j'ai fait, et c'était pas mal du tout. Mais trois grosses cuillères à café sur une tartine, c'était un peu trop, surtout vu la quantité de gras dans ces produits-là. Bref, je vis un calvaire intestinal et stomacal dans la chaleur étouffante des rues de Moscou pour nous rendre au Conservatoire (en trottinant car nous sommes un peu en retard). Une fois installés dans la Grande Salle et avant que le concert ne commence, je m'éclipse aux toilettes parce que là vraiment, mon corps a atteint les limites de l'insoutenable. Je passerai les détails de mon séjour aux wawa russes, mais ca allait bien mieux après. Ma chère Anna est sortie de la salle pour m'attendre à la sortie des WC et me propose de rentrer. Bien que lui certifiant que je vais bien mieux, elle ne démord pas et me dit que la première partie du spectacle lui suffisait. Bon... Rentrons alors.
L'eau du robinet en Russie n'est pas de la même qualité que chez nous. Fait que j'ignorais au moment d'en boire après mon séjour aux toilettes afin de me rafraîchir un peu et de passer le goût. Je suis obligé de descendre à une station isolée avant notre arrivée pour aller rendre cette mauvaise eau dans des plantes. J'ai fait un effort surhumain pour ne pas faire cela dans le wagon, bien que des soûlauds ne se gênaient globalement pas pour régurgiter leur trop plein d'alcool entre deux. Bref, et finalement on rentre, je mange peu, bois beaucoup de bonne eau et fais dodo.
Le lendemain, c'est plus touristique et moins anecdotique. Nous visitons la galerie d'art d'état de Tretyakov (Государственная Третьяковская Галерея en Russe), puis nous nous promenons dans la ville via des parcs, des petites rues agréables, nous traversons un pont qui enjambe le fleuve Moscou (ouais, ils se sont pas foulés) avec une magnifique vue sur le Kremlin, nous allons voir de plus près la cathédrale du Christ Sauveur (Хра́м Христа́ Спаси́тел), puis l'une des rues les plus anciennes de Moscou, la Vieille Arbat (Старый Арба).
Puis, pour mon dernier jour complet en terre Russe, nous nous rendons à la place Rouge, cette fois-ci ouverte, visitons la cathédrale St-Basile (Храм Василия Блаженног), un p'tit tour près du mausolée de Lénine, puis direction un parc dédié à l'aéronautique avec une grande sculpture de fusée au moment du décollage et les bustes des premiers cosmonautes russes (pléonasme). Ensuite, nous sommes allés au Centre panrusse des expositions (Всероссийский выставочный цент), un immense endroit avec parcs, fontaines et bâtiments, lesquels dédiés aux anciennes républiques soviétiques et dans lesquels se tiennent moult expositions.
Le soir, c'est petite séance Баня histoire de se décrasser, mais avec Anna ce coup-ci (ce qui est clairement plus agréable qu'avec son frère). Mais bon, il fait tellement chaud dans ce machin-là que le corps est plus occupé à lutter contre l'environnement hostile qu'à chercher perpétuer l'espèce, donc rien de vraiment probant ne s'est déroulé à l'intérieur, à la déception générale.
Puis c'est le jour du départ. Je me suis très bien entendu avec les parents d'Anna, et son père m'invite cordialement à revenir un hiver pour faire du ski, pêcher et tester le bain de neige après la chaleur infernale de la Баня (ce que j'ai très envie de faire). Puis bon ben... voiture, aéroport, escale à Munich (y'a un sex-shop dans l'aéroport !) puis retour chez moi, exténué.
Bref, un fantastique séjour. Moscou est vraiment une très jolie ville, immense, propre et très colorée architecturalement parlant. Les premiers jours étouffant de chaleur ont finalement laissé place à un bon froid gris. Nous sommes passés de 27 degrés à 7 degrés en 3 jours. Même les Russes trouvaient ça exceptionnel. J'étais bien mieux avec le froid qu'avec les moustiques (qui ont l'air d'avoir apprécié ma viande française les bougres). Ces sept jours avec Anna nous ont apporté encore plus de complicité et notre relation est encore plus solide. Ce que j'apprécie grandement. C'est une fille que je ne veux pas perdre.
Puis pour contrebalancer cette conclusion "gnangnan", j'ajouterai que j'ai également été très content de voir, pour la première fois depuis longtemps, ma collection de préservatifs diminuer de volume.
Décollage jeudi 4 septembre le matin pour arriver le soir vers 18h (heure locale) après une escale à Francfort. Premières péripéties administratives : avant d'arriver en Russie on nous file dans l'avion un petit formulaire à remplir afin de s'enregistrer auprès des autorités locales. Le blabla habituel : nom, prénom, numéro de passeport et, pour les visas touristiques tels que le mien, l'hôtel où je réside. Oui, alors étant donné que les papiers à obtenir pour se faire héberger chez l'habitant sont chiement longs à avoir, Anna m'a combiné, à l'aide d'une amie à elle travaillant dans une agence de tourisme, un certificat plus ou moins bidon, comme quoi j'allai être logé par cette agence dans un hôtel. Seulement voilà, ce n'est pas le cas, et sur ce foutu formulaire d'immigration, j'ai mis le nom de famille de ma chérie, faute de mieux.
Dans la file d'attente pour se faire tamponner passeport et dit formulaire, un type me raconte comme quoi il ne faut pas oublier de s'enregistrer au commissariat car faute de quoi, les flics te foutent une amende et peuvent te retenir, le temps que tu loupes ton avion. La merde quoi ! Bref, parmi toutes les jolies nanas qui martyrisaient les fafs, je tombe sur la rombière pas aimable qui discute avec sa collègue. Elle fout un coup de tampon orange sur mon passeport et me fait signe de passer... Bon, c'est certainement plus tard pour le formulaire...
En entrant dans le hall d'arrivée à l'aéroport, je tombe sur un grand groupe d'asiatiques qui cache mon phare d'Alexandrie moscovite, que j'embrasse dans mes bras et serre à pleine bouche. Anna me présente alors son père et son "petit" frère. Le premier est un bonhomme avec une moustache aussi grise que ses cheveux, fin et pas forcément méchant. Le deuxième est grand, assez balèze (mais le balèze gras plutôt que le balèze musclé), avec de grands yeux globuleux et de cheveux bruns. Je leur sors un "Nice to meet you" dans l'espoir d'établir un contact fertile en langue shakespearienne, mais que nenni ! Russian only ! Ca va être agréable les repas tiens !
Bref, le frère, Alexei, propose gentiment de me porter mon sac et, avec son père, nous laisse partir devant Anna et moi. Nous sortons de l'aéroport et... il fait chaud ! 27 degrés pour être précis ! Tu parles d'une météo russe ! Nous prenons place dans la voiture familiale, une vieille auto noire qui tient malgré tout la route, et en avant ! Oui, parce qu'Anna habite en banlieue moscovite, à 85km de l'aéroport.
Le trajet est intéressant au niveau du paysage. Bon, autour de l'aéroport, c'est encore la ville. Les routes sont larges, les publicités et panneaux routiers écrits en alphabet cyrillique que je m'amuse à déchiffrer (Anna m'a appris la prononciation des lettres, mais c'est quand même pas évident, surtout quand nos lettres à nous sont prononcées différemment. Chez eux, un 'P' se prononce 'r', le 'B' comme 'v', le 'H' comme 'n'). Le soleil du soir ajoute une note un peu triste et désolée sur les parkings et magasins. Il faut dire aussi que c'est d'origine assez désolé. Décor de pauvre, mais pas malsain, pas sale. Mais les immeubles font assez pouilleux, les arrêts de bus bancals, et peut-être aussi le préjugé que je me fais du lieu malgré tout doit y être pour quelque chose dans mon impression d'abandon.
Une fois entré en territoire rural, là aussi je retrouve des éléments en faveur de la pauvreté et de la désolation. La route, après avoir passé quelques champs, devient monotone et traverse une grande forêt. Pas aussi touffue que celle de Fontainebleau, mais les arbres font la majorité sur le bord de la route. Dans le rôle des minorités visibles, quelques entrepôts de métallurgie ou de béton, des grappes d'habitations par-ci par-là, des arrêts de bus au milieu de nulle part. Encore une fois, ce n'est pas Beyrouth, mais il y a quelque chose de misérable dans l'air.
Anna est dans toutes les conversations durant le trajet. Forcément, puisque je ne peux communiquer avec les autres membres de la famille. Elle nous sert d'interprète quand son père me pose des questions ou quand je lui en pose, mais on est loin des conversations à bâtons rompus.
Enfin toujours est-il que nous quittons la nationale pour entrer dans un village, puis sur une route champêtre aussi trouée qu'un gruyère (quelle comparaison hardie !). Une petite pause devant une maison le temps de récupérer deux bocaux de lait de chèvre fraîchement trait, quelques mètres encore à faire souffrir les suspensions et nous voilà arrivés devant une charmante maison, très rustique, mais agréable.
L'habitation est vieille, cela se voit, mais l'intérieur est bien aménagé malgré les rafistolages que l'on peut apercevoir un peu partout. Tout en bois, des portes et des lustres bas, des bibliothèques garnies, un petit home cinéma dans le salon, de vieilles photos extrêmement russes, une cuisine simple mais efficace. Le jardin est immensément grand. Juste derrière la maison, des parterres de fleurs de toutes les couleurs, un petit coin aménagé pour accueillir un feu de camp, deux balancelles placées autour d'un petit bassin qui gazouille d'eau; un peu plus loin sous un toit de tôle, le bordel habituel des outils de jardin, une grande cabane en bois dont j'apprendrai l'utilité plus tard. Encore plus loin le potager, puis le reste du jardin qui est en friche car vue la superficie du terrain, ce n'est pas possible pour un seul homme de tout entretenir.
Je rencontre alors la mère, une bonne femme avec un look rappelant un peu les années 80 qui, bien que fort hospitalière, ne s'est pas montrée aussi chaleureuse que le reste de la famille. Nous passons alors à table.
En Russie, la bouffe, c'est le matin si t'as le temps, niet le midi parce que tu bosses et surtout le soir. Globalement, il y a de temps en temps un plat principal avec de la viande et le reste, c'est des petits plats préparés que tu picores si tu en as envie. Pour mon premier repas en terre russe, j'ai eu le droit à une salade de chou rouge avec maïs, petits pois et oignons, deux bons morceaux de volaille avec de la purée de pommes de terre si épaisse qu'on aurait pu bâtir une maison avec, et des blinis avec confiture ou une espèce de fromage blanc crémeux. C'était fort bon. Et comme boisson, du thé, toujours du thé, encore du thé, avec un nuage de lait. Parfois du lait seul, mais je n'ai pas vu de pichet d'eau à table. Ils ont une fontaine à eau comme dans les entreprises car l'eau du robinet n'est pas bonne (ce que j'apprendrai à mes dépends plus tard).
Durant la mastication, je discutaille plus ou moins avec le père qui énumère les acteurs et chanteurs français qu'il connaît (la culture française est très présente en Russie, notamment parce que nos pays ont partagé un morceau d'Histoire). Anna nous aide pour les idées trop complexes à formuler en signes ou petit nègre anglais. Après ce plantureux repas bien accueilli (les plateaux repas de Lufthansa, c'est fonctionnel, mais pas plus), les hommes me convient au salon où l'on cause de musique. Joie, la famille aime le bon vieux rock 'n roll ! Grâce au frère qui baragouine quelques mots d'anglais malgré tout, on arrive à discuter de musique quelques temps. Après cela, douche et dodo car la journée, bien qu'inactive, à été longue.
Le lendemain, nous nous levons aux aurores, vers midi, pour prendre un grand petit déjeuner (un peu à l'anglaise avec des saucisses, des blinis, encore de la salade de chou et du thé) et partons vers la gare pour nous rendre à Moscou. Le chemin vers celui de fer est champêtre, parmi les poules, les coqs et les chiens. Il fait beau et chaud, l'air sent bon la campagne. À la gare, Anna tente d'acheter deux tickets avec un gros billet, mais la guichetière le boude parce que pas de monnaie. Bon, pas contrariante, ma chérie nous fait passer par un défaut dans la barrière qui nous sépare des quais. Il faut préciser que nous ne sommes pas les seuls à emprunter ce raccourci, ce qui me rassure un peu. Nous descendons sur le quai en direction de Moscou quand tout à coup, des contrôleurs font leur apparition ! Diantre ! Nous montons donc en queue de train avec l'espoir de leur échapper.
Le train dans lequel je monte est très... comment dire... brut de fonderie si je puis me permettre l'expression. Ce que j'appellerais l'entrée du wagon (un peu comme dans les TGV quand on franchit la porte) est gris, froid et pue la clope. Deux portes coulissantes, qui coulissent au gré des virages d'ailleurs, nous permettent d'accéder aux places assises. Dire que certains se plaignent des "p'tits gris", ces trains de banlieue qui joignent Paris à Melun (entre autre) ! Les banquettes sont en bois, du bon bois bien dur, bien tape-cul. C'est principalement gris à l'intérieur, métallique, comme si on se trouvait à l'intérieur d'un container. Le train part sans qu'aucune sonnerie ne se fasse entendre, et c'est parti pour une heure de siège en bois vers Moscou.
Le paysage qui défile est similaire à celui de la voiture, mais avec encore plus cette sensation de paumé, d'isolé, d'abandonné, mais avec malgré tout beaucoup de gens qui marchent le long des voies, sur des chemins plus ou moins tracés, voire qui enjambent les rails pour accéder aux quais de leur gare, laquelle consiste souvent en deux simples plates-formes de parpaings peintes et goudronnées, avec une espèce de bâtiment histoire de se protéger en cas de mauvais temps.
J'alterne entre regarder le paysage et me reposer les yeux de ma courte nuit quand soudain, semblant crever le ciel et venant de nulle part surgit un contrôleur (non, pas noir). Angoisse et crainte ! Certainement une grosse amende et comme je ne me suis pas encore fait régulariser auprès du commissariat, il suffit que je tombe sur un enculeur de mouches pour que la situation deviennent franchement désagréable. Anna garde son calme et me fait juste signe de ne rien dire. Qu'aurais-je dit de toutes façons ? "Bistro" ? Le type arrive, Anna lui tend un billet, il arrache une feuille de papier rouge de son calepin, rend la monnaie et continue son service. Pas un mot n'a été échangé. 108 roubles d'amende, ce qui nous fait à peu de choses près 3 euros... Pour tous les deux... J'ai passé les dix minutes suivantes à demander à Anna une explication rationnelle, mais non : cela coûte moins cher de se prendre un amende que de payer son billet ! Cool !
Arrivée à Moscou. Après avoir franchi les tourniquets pour sortir de la gare comme de vulgaires pauvres de banlieue, nous faisons quelques pas dehors pour nous engager dans une bouche de métro. Pas mal de vendeurs ambulants dehors, rien en bien intéressant. 20 roubles pour une carte permettant quatre trajets en métro. On est loin des 1,50EUR pour UN pauvre ticket violet hein ?
Les stations de métro de Moscou sont... belles. Magnifiques, ouvragées, neuves, propres, artistiques. Flemme de décrire, les photos sont sur mon site. L'ambiance par contre est très rapide, stressée. Il y a beaucoup de monde dans les stations, et du coup, on se pousse, on se serre, mais sans forcément être désagréable ou mécontent. J'ai l'impression que tout le monde s'est mis d'accord sur le fait que tout le monde est pressé d'arriver à destination, alors on accepte la règle du jeu de la bousculade.
Destination d'origine : la place Rouge. En sortant du métro, on tombe sur une belle petite église orthodoxe (forcément !) bien rouge, bien dorée sur les toits, bien flambante neuve. Ce n'est qu'une église anonyme parmi d'autres, mais comparée aux églises anonymes de Dublin (je prends Dublin parce que les Irlandais sont quand même un poil plus portés sur la religion que nous), ca en jette ! Direction place Rouge donc, mais finalement non... Des barrières barrent le chemin et un policier nous informe que la place est fermée en vue de préparer un match de boxe ce week-end. Peste ! Bon, finalement nous nous baladons près du Kremlin, visitons une église et un centre commercial, nous promenons sur une grande place et dans un jardin à côté d'icelle. Anna voulait m'amener au Conservatoire de Moscou pour y écouter un récital de piano joué par une nana et un type (successivement).
Rien de bien passionnant à raconter ici. La salle dans laquelle nous sommes est riche et jolie, et nous succombons à la tentation de rentrer à la maison car nous avons l'estomac dans les talons. Nous attendons la fin de la première partie et assistons à un début de rixe entre un bonhomme un peu fou devant nous qui s'excitait sur la chaise du type devant lui lors d'une apothéose musicale jouée au piano. Rien de méchant, mais c'était cocasse un embryon de pugilat dans un lieu si prestigieux. Bref, train pour le retour et... Баня (prononcer "bane-ya").
La Баня, c'est une façon traditionnelle russe de faire sa toilette. Anna m'a signalé que cela se passait dans la grande cabane en bois au fond du jardin, mais ne m'en a pas dit davantage pour me laisser la surprise. Bon, dans un lieu clos, il ne pouvait s'agit que d'un truc de vapeur (j'ai écarté l'hypothèse du trou dans le sol). J'y suis allé avec le frère, le père ayant déjà été servi et les femmes y allant ensembles. On s'y rend donc en sous-vêtements histoire de ne pas s'encombrer. On entre dans la cabane et, dans une première petite pièce toute en largeur et en bois, la température doit avoisiner les trente degrés. On se fout à poil et on entre dans une deuxième pièce, carrée avec deux robinets dans un coin et des bassines en métal sur une table, toujours en bois. Le thermomètre indique 50 degrés. Le temps de prendre un drap qui pendait sur un clou, on entre dans la troisième et dernière pièce, où se trouve le four. On pose le drap sur un haut banc en bois, histoire de ne pas se brûler le cul, et on sue jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus. La chaleur est étouffante. Faut dire qu'à près de 100 degrés, j'ai quand même une bonne excuse. Pas de vapeur, mais tout connement un four sous des pierres de lave dans lequel on fait brûler du bois. Je suis en nage au bout de trente secondes et je fais l'effort de rester peut-être cinq minutes. Je prends une petite bouffée d'air "frais" dans la pièce d'à côté avant de m'en refoutre un coup histoire de faire mon fier.
Ensuite, on se lave (enfin chacun se lave hein, faut pas croire des trucs non plus !) et on se frotte la peau avec un gant de crin histoire de bien faire partir le sale des pores de la peau qui doivent être aussi dilatés que... j'aurais bien une comparaison, mais c'est sensé être un blog tout public, alors on passera. Une fois rincés, nous sortons. Les vingt degrés du soir me sont une bénédiction après cet avant-goût de l'enfer. Anna est là pour voir ma réaction à cette coutume russe. Ma foi je me sens bien, mais malgré m'être essuyé et la relative fraîcheur du soir, je sue toujours à grosses gouttes. Je rentre dans la maison, encore essoufflé, me sèche tant bien que mal et me repose afin de reprendre une température normale. J'ai tout de même un peu la tête qui tourne à cause du manque d'oxygène...
C'est assez plaisant même si c'est très éprouvant pour le corps. On est crevé après et Anna m'a confié qu'elle allait à la Баня le soir avant de se coucher. Mais pour le coup, c'est clair qu'on se sent propre et dispos comme après la douche qui suit un grand effort physique.
Manger et dodo.
Le week-end est là et nous ne faisons rien. Enfin JE ne fous rien car Anna doit écrire un rapport sur un stage qu'elle n'a pas effectué. Grasse mat', larvage, matage de DVD avec le frangin, mangeage. Nous avons le droit à la visite de la grand-mère paternelle, à qui je plais bien (j'ai un certain charme auquel les vieilles dames résistent peu), ainsi qu'un feu d'artifice tiré de Moscou, ce qui est assez hallucinant quand on pense que la capitale est à 50km de là où nous sommes, et les feux sont très très visibles. J'aurais bien aimé être dans la ville à ce moment-là, les fusées devaient être impressionnantes.
Lundi. Pour mes jours qui restent, après en avoir passé deux à ne rien faire, j'ai quand même envie de visiter ! Direction Moscou donc. D'abord, et avant d'aller au commissariat m'enregistrer en tant que touriste, petit détour par l'endroit où travaille l'amie d'Anna, Katia, qui m'a obtenu mon certificat plus ou moins bidon. En lui présentant mon passeport et ma fiche d'immigration, elle soulève un souci et un sourcil : la bougresse de l'aéroport aurait du me tamponner ce formulaire en plus de mon visa. C'est pas bien grave, mais du coup, inutile d'aller au commissariat, ils ne peuvent pas faire quoi que ce soit avec un formulaire d'immigration vide. Soit. J'ai juste à éviter les contrôles d'identité durant le reste de mon séjour et tout devrait bien aller.
Nous nous rendons alors sur une immense esplanade dédiée à la Seconde Guerre Mondiale, Poklonnaya Gora (Покло́нная гора en Russe), avec des fontaines, chacune symbolisant un mois passé en guerre et des colonnes en l'honneur de différents corps militaires russes. Au fond, un grand bâtiment en arc de cercle au centre duquel se dresse un grand obélisque. Là encore, voir photos pour plus de détails. Il fait tellement chaud que nous nous aspergeons avec l'eau des fontaines. On traîne pas mal car c'est très agréable comme endroit, surtout avec l'eau à portée de main. Ensuite direction Conservatoire de nouveau car un concert de classique y est donné pour gratuit dans la Grande Salle toute jolie et tout.
Seulement voilà, je me traîne un mal de bide pas possible. Après réflexion, c'est un truc que j'ai bouffé le matin qui serait mal passé. Anna a voulu me faire goûter des espèces de fromages blancs à la crème. Ce que j'ai fait, et c'était pas mal du tout. Mais trois grosses cuillères à café sur une tartine, c'était un peu trop, surtout vu la quantité de gras dans ces produits-là. Bref, je vis un calvaire intestinal et stomacal dans la chaleur étouffante des rues de Moscou pour nous rendre au Conservatoire (en trottinant car nous sommes un peu en retard). Une fois installés dans la Grande Salle et avant que le concert ne commence, je m'éclipse aux toilettes parce que là vraiment, mon corps a atteint les limites de l'insoutenable. Je passerai les détails de mon séjour aux wawa russes, mais ca allait bien mieux après. Ma chère Anna est sortie de la salle pour m'attendre à la sortie des WC et me propose de rentrer. Bien que lui certifiant que je vais bien mieux, elle ne démord pas et me dit que la première partie du spectacle lui suffisait. Bon... Rentrons alors.
L'eau du robinet en Russie n'est pas de la même qualité que chez nous. Fait que j'ignorais au moment d'en boire après mon séjour aux toilettes afin de me rafraîchir un peu et de passer le goût. Je suis obligé de descendre à une station isolée avant notre arrivée pour aller rendre cette mauvaise eau dans des plantes. J'ai fait un effort surhumain pour ne pas faire cela dans le wagon, bien que des soûlauds ne se gênaient globalement pas pour régurgiter leur trop plein d'alcool entre deux. Bref, et finalement on rentre, je mange peu, bois beaucoup de bonne eau et fais dodo.
Le lendemain, c'est plus touristique et moins anecdotique. Nous visitons la galerie d'art d'état de Tretyakov (Государственная Третьяковская Галерея en Russe), puis nous nous promenons dans la ville via des parcs, des petites rues agréables, nous traversons un pont qui enjambe le fleuve Moscou (ouais, ils se sont pas foulés) avec une magnifique vue sur le Kremlin, nous allons voir de plus près la cathédrale du Christ Sauveur (Хра́м Христа́ Спаси́тел), puis l'une des rues les plus anciennes de Moscou, la Vieille Arbat (Старый Арба).
Puis, pour mon dernier jour complet en terre Russe, nous nous rendons à la place Rouge, cette fois-ci ouverte, visitons la cathédrale St-Basile (Храм Василия Блаженног), un p'tit tour près du mausolée de Lénine, puis direction un parc dédié à l'aéronautique avec une grande sculpture de fusée au moment du décollage et les bustes des premiers cosmonautes russes (pléonasme). Ensuite, nous sommes allés au Centre panrusse des expositions (Всероссийский выставочный цент), un immense endroit avec parcs, fontaines et bâtiments, lesquels dédiés aux anciennes républiques soviétiques et dans lesquels se tiennent moult expositions.
Le soir, c'est petite séance Баня histoire de se décrasser, mais avec Anna ce coup-ci (ce qui est clairement plus agréable qu'avec son frère). Mais bon, il fait tellement chaud dans ce machin-là que le corps est plus occupé à lutter contre l'environnement hostile qu'à chercher perpétuer l'espèce, donc rien de vraiment probant ne s'est déroulé à l'intérieur, à la déception générale.
Puis c'est le jour du départ. Je me suis très bien entendu avec les parents d'Anna, et son père m'invite cordialement à revenir un hiver pour faire du ski, pêcher et tester le bain de neige après la chaleur infernale de la Баня (ce que j'ai très envie de faire). Puis bon ben... voiture, aéroport, escale à Munich (y'a un sex-shop dans l'aéroport !) puis retour chez moi, exténué.
Bref, un fantastique séjour. Moscou est vraiment une très jolie ville, immense, propre et très colorée architecturalement parlant. Les premiers jours étouffant de chaleur ont finalement laissé place à un bon froid gris. Nous sommes passés de 27 degrés à 7 degrés en 3 jours. Même les Russes trouvaient ça exceptionnel. J'étais bien mieux avec le froid qu'avec les moustiques (qui ont l'air d'avoir apprécié ma viande française les bougres). Ces sept jours avec Anna nous ont apporté encore plus de complicité et notre relation est encore plus solide. Ce que j'apprécie grandement. C'est une fille que je ne veux pas perdre.
Puis pour contrebalancer cette conclusion "gnangnan", j'ajouterai que j'ai également été très content de voir, pour la première fois depuis longtemps, ma collection de préservatifs diminuer de volume.
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